1989-1995 : Lotus Elan M100

Description

La Lotus Elan M100 est un cabriolet sportif biplaces conçu à la fin des années 80 pour compléter la gamme alors constituée uniquement de la super sportive Lotus Esprit.

Une naissance tumultueuse

Le projet de compléter la gamme Lotus par une petite voiture biplace remonte au début des années 80, la gamme Lotus étant alors constituée du luxueux coupé à 4 places et moteur avant Lotus Excel et du coupé sportif biplace à moteur central Lotus Esprit.

Lotus étant alors proche de Toyota, le projet M90 est lancé et prend la forme d’une propulsion à moteur Toyota en disposition longitudinale avant, aux lignes tendues dues au crayon d’Oliver Winterbottom. La voiture est disponible en coupé et cabriolet.

Lotus traversant alors une période difficile, le projet manque de financement et malgré la réalisation de prototypes roulants, il n’atteindra jamais la production avant que, en 1986, le groupe Lotus ne soit racheté par General Motors. Il n’est plus question d’équiper la petite sportive d’un moteur Toyota, et le concept même de la propulsion est remis en cause, les stratèges de GM pensant que suite à la généralisation de la culture « GTI », une petite sportive moderne se devait d’être une traction avant.

Ainsi naquit le projet Lotus Elan M100, sous l’égide d’un nouveau designer : Peter Stevens

Lotus Elan M100 « Série 1 » (1989-1992)

L’Elan M100 n’est plus étudiée qu’en version cabriolet, et sera donc une traction avant équipée d’un moteur transversal d’origine Isuzu, une autre marque du Groupe General Motors (GM). Ce moteur est un 4 cylindres en ligne de 1 588 cm3 utilisé sur la Lotus soit en version atmosphérique, soit en version turbocompressée, cette dernière version étant de loin la plus vendue.

Equipé du turbocompresseur IHI, il développe une puissance 167 ch (version « Elan M100 SE »), et 130 ch en version atmosphérique (version « Elan M100 NA »). Son poids en ordre de marche avec réservoir plein s’élève à 997 kg.

Son design a été réalisé en interne chez Lotus par l’équipe dirigée alors par Peter Stevens, et le résultat très probant nous donne une ligne râblée et agressive du plus bel effet. Si l’empattement est court, la voiture est très large et basse. On s’éloigne donc du concept initial de « petite voiture » pour atteindre un segment plus haut de gamme.

L’Elan M100 dispose d’une carrosserie en fibre de verre multi-panneaux, assemblés autour d’un châssis poutre en acier galvanisé. La liaison au sol est assurée par une suspension à quatre roues indépendantes et à double triangulation.

Comme il s’agit de la première Lotus à traction avant de Lotus, un soin particulier a été apporté à la conception du train avant afin d’éliminer les remontées de couple dans le volant, ce que la presse saluera en désignant l’Elan M100 « meilleure traction avant du moment ».

Malgré ses qualités, l’Elan M100 ne connut qu’un succès mitigé, en raison principalement de coûts de fabrication lui conférant un prix de vente trop élevé. Une Elan M100 SE (le modèle le plus vendu) valait en France 265 000 FRF TTC soit environ 70 000 € 2023. A ce tarif là, la clientèle n’étais pas vraiment constituée d’ex-GTIstes, mais plutôt d’amateurs de vraies sportives, pour qui le fait d’être une traction avant était un vrai problème. Cela d’autant que le constructeur Mazda venait de sortir un cabriolet propulsion très inspiré de l’Elan des années 60 pour un prix bien plus attractif : la MX5 « Miata » qui deviendra iconique, bien qu’objectivement sensiblement moins performante que l’Elan M100. Mais à 152 000 FRF (38 200 € 2023), l’écart de prix était flagrant.

Qui plus est, les comptables de General Motors se rendirent compte que vu le volume de ventes plus réduit que prévu, l’amortissement des investissements initiaux devait se répartir sur moins de véhicules, et en fin de compte, Lotus perdait de l’argent sur chaque exemplaire vendu ! Cette situation fut considérée comme inacceptable par le haut management américain et le couperet tomba brutalement : en juin 1992, une note interne diffusée à tout le personnel de l’usine de Hethel annonça l’arrêt immédiat de la production de l’Elan M100. Cette annonce fut suivie d’une vague de licenciement chez Lotus et de l’annonce de la mise en vente de la marque par General Motors !

Ainsi était-il mis fin à la carrière de la première série d’Elan M100, après seulement 3855 exemplaires fabriqués, dont environ 300 en conduite à gauche. Mais l’histoire connaît parfois des rebondissements étonnants…

Lotus Elan M100 « Série 2 » (1994-1995)

Lorsque General Motors se sépare du Groupe Lotus en 1993, le nouveau propriétaire (le Groupe appartenant à Romano Artioli également propriétaire à l’époque de Bugatti Automobili) constate que la brutalité de l’arrêt de production de l’Elan M100 a eu pour conséquences qu’un volume important de composants se trouvaient alors encore en stock, dont notamment 800 moteurs Isuzu turbocompressés neufs.

Il décida alors de relancer la production en baissant le prix de vente, les coûts des investissements initiaux ayant été passés par pertes et profits par General Motors. Une refabrication devenait donc rentable et rapporterait de l’argent permettant d’étudier un modèle de remplacement. Pour maintenir l’attractivité du modèle et se mettre en conformité avec les nouvelles normes, la définition technique de l’Elan M100 est actualisée sur plusieurs points (jantes de plus grand diamètre au design différent, moteur catalysé…). Le nouveau modèle s’appelle « Lotus Elan M100 S2 » et sera produit à 800 Exemplaires – 400 en conduite à droite et 400 en conduite à gauche, tous en version turbocompressée avec une puissance légèrement diminuée à 155 CV en raison de la catalysation. Le prix de vente s’établit donc à la baisse en France à 234 000 FRF (55 500 € 2023), les derniers exemplaires étant même proposés en 1996 en France à un tarif « spécial » de 215 000 FRF, après l’annonce de l’arrivée de la Lotus Elise.

Epilogue : la Kia Elan (1996-1998)

On aurait pu croire que cela sonnait le glas de l’Elan M100 : que nenni ! En 1995, alors que les dernières Elan M100 S2 sont sorties des ateliers du fabricant Anglais, le constructeur Sud-Coréen Kia approche Lotus et obtient les droits de fabrication et l’outillage de l’Elan M100 afin de produire une version proche sous son propre badge.

Après avoir présenté un prototype dénommé « KMS II » au salon de Tokyo 1995, doté de nombreuses et spectaculaires évolutions stylistiques – pas vraiment du meilleur goût – Kia met en vente une version définitive plus proche de l’Elan originale, équipée d’un moteur atmosphérique Kia de 1800cc développant 153 ch. La voiture est également équipée de feux arrières et de jantes spécifiques. La « Kia Elan » sera ainsi vendue sur les marchés de Corée, du Japon et en Allemagne, à environ 1000 exemplaires entre 1996 et 1998, non sans connaître de nombreux soucis de qualité de fabrication.

L’Elan M100 de nos jours

L’Elan M100 version Lotus bénéficie d’une qualité de fabrication de très bon niveau, les approches qualité issues de General Motors ayant sensiblement augmenté le standard en place chez Lotus. Aussi les Lotus Elan M100 vieillissent bien, et leur moteur notamment a la réputation d’être increvable, notamment en version turbocompressée, de nombreux exemplaires continuant de fonctionner au grand plaisir de leurs propriétaires avec des kilométrages très au delà des 100 000 km. Le seul véritable défaut de la voiture, notamment les premières séries, est un freinage insuffisamment endurant en utilisation très sportive.

De nos jours, la principale inquiétude portera sur la disponibilité des pièces de rechange, certaines ayant disparu du marché depuis longtemps.