1974-1982 : Lotus Elite & Éclat
Description
Nous parlons ici de la Lotus Elite de seconde dénomination, Lotus type 75 apparue en 1974 à moteur Lotus 2 Litres, qu’il ne faut pas confondre avec la Lotus Elite de première génération, Lotus Type 14 à moteur Coventry Climax apparue en 1957.
Lotus type 75 : Elite « Série 1 » (1974-1980)
L’apparition de la Lotus Elite marque un changement radical dans la politique produit de Lotus Cars. La nouvelle orientation du constructeur s’éloigne franchement de l’héritage des petites sportives ultra légères et radicales pour adopter un concept beaucoup plus orienté « GT », où le confort, les équipements, la sécurité et la finition sont primordiaux.
De la génération précédente, l’Elite ne reprend que le concept du châssis poutre, qui a largement fait ses preuves, le schéma général des suspensions et la matière dans laquelle est fabriquée la carrosserie boulonnée au châssis, un composite de polyester armé de fibre de verre. Dans les autres domaines, le changement est assez radical.
L’Elite est certes un coupé à 2 portes, mais elle peut accueillir 4 adultes avec des places arrières de dimensions correctes pour une grande personne, et un coffre de bonnes dimensions.
Le moteur est désormais le 4 cylindres Lotus « type 907 » déjà monté dans les Jensen Healey et Jensen GT, premier moteur de série à 4 soupapes par cylindres, développant 162 ch DIN sur l’Elite. Ce moteur moderne est penché à 45° sur la gauche, afin de permettre l’usage d’un capot avant à profil plongeant. Il est entièrement produit chez Lotus. La boîte de vitesses reprend le concept de la boîte 5 utilisée sur les dernières Lotus Elan +2, à savoir une pignonnerie d’Austin Maxi montée dans une fonderie Lotus, et munie d’un pont arrière suspendu Salisbury. La voiture reste bien évidemment une propulsion. En option « 504 », l’Elite est peut être livrée équipée d’une boîte à 3 vitesses automatiques d’origine Borg Warner, une première sur une Lotus de route.
La ligne a été dessinée par Oliver Winterbottom, avec un profil en arrêtes saillantes très en vogue à cette époque, et un arrière tronqué. L’aspect général est celui d’un « break de chasse » élancé, bien que l’ouvrant arrière ne soit constitué que d’une vitre articulée sur le dessus, sans hayon intégral. La forme plongeante de l’avant est soulignée par la présence de phares escamotables respectant la ligne de capot.
Elle est présentée au public en Juin 1974 en 4 niveaux de finition identifiés par les chiffres 501 (base déjà très bien équipée), 502 (avec climatisation), 503 (avec climatisation et direction assistée) et 504 (la 503 avec boîte automatique). Elle reçoit un accueil favorable compte tenu de ses spécifications élevées et de sa sécurité passive très en avance sur son temps. L’Elite obtient à sa présentation le « Don Safety Trophy » comme étant la voiture offrant la meilleure sécurité au monde. La mise à disposition de l’air conditionné et d’une boîte à 5 vitesses sont par ailleurs des équipements rares à cette époque, même en option. Son prix élevé réserve cependant l’Elite à une clientèle aisée et exigeante.
Lotus type 76 : Éclat « Série 1 » (1975-1980)
L’Elite est suivie l’année suivante par une déclinaison 2+2 à carrosserie « fastback », nommée Lotus Éclat. Elle reprend le châssis de l’Elite et toute la carrosserie à l’exception de la partie haute arrière, qui descend désormais progressivement jusqu’au milieu de la ligne de caisse. La forme est plus consensuelle.
L’Éclat est présentée avec les mêmes niveaux de finition que l’Elite, identifiés 521, 522, 523 et 524, mais une nouvelle version d’entrée de gamme dénommée « 520 » fait son apparition. Elle est équipée d’une boîte à 4 vitesses d’origine Ford et de roues plus étroites et désormais en tôle.
Lotus Elite et Éclat « 2.2 » (1980-1982)
Lotus fait évoluer son moteur 907 pour atteindre la cylindrée de 2,2 Litres sur commande de Chrysler Europe pour équiper sa nouvelle Sunbeam Lotus, qui sera fabriquée par Lotus non loin de l’usine d’Hethel. Lotus dérive de ce moteur une version spécifique à ses propres voitures, une version nommée « type 912 » qui développe la même puissance que la version 2 Litres précédente, mais avec un couple plus généreux et mieux distribué sur toute la plage d’utilisation. Ce moteur équipe donc les Elite et Éclat qui pour l’occasion changent de numéro de type Lotus pour devenir les types 83 (Elite 2.2) et 84 (Éclat 2.2).
Les autres modifications notoires comprennent la galvanisation du châssis poutre, le remplacement de la boîte manuelle Lotus/Austin par une boîte Getrag à 5 vitesses, la motorisation électrique des phares escamotables en lieu et place de l’activation par la dépression moteur, et le changement des jantes alu, désormais des Speedline communes avec la Lotus Esprit. La ligne subit quelques aménagements notamment au niveau du spoiler avant désormais enveloppant et des pare-chocs. Les feux arrières proviennent alors d’une Rover SD1. La version 520 de l’Éclat est retirée du catalogue sans avoir convaincu.
Les séries spéciales
Une série « Sprint » sera proposée sur la base de l’Éclat en finition 520 ou 521, avec utilisation d’un pont plus court dynamisant la conduite.
En fin de vie des Elite et Éclat 2.2, une finition « Riviera » est proposée, comportant un toit ouvrant et l’usage d’un pavillon de couleur noir vermiculé.
Un succès mitigé de cette nouvelle gamme
Ces nouveaux véhicules « haut de gamme » de Lotus sont malheureusement arrivés sur le marché au plus mauvais moment : au lendemain de la crise pétrolière provoquée par la guerre du Kippour en Octobre 1973. La conséquence en a été une récession économique importante dans le monde, qui a largement pénalisé le marché des voitures de sport haut de gamme.
Par ailleurs, plusieurs innovations importantes amenées par ces voitures n’ont eu la faveur du public que des années plus tard, comme leur haut niveau de sécurité passive et l’efficience énergétique de leur motorisation comparée à ses performances. Vers la fin des années 70, le public n’était pas prêt à dépenser plus pour cela…
Si l’Elite terminera sa carrière en 1982 après 2535 exemplaires fabriqués, l’Éclat va poursuivre la sienne après que 1519 voitures aient été fabriquées, la suite prenant la forme d’une version revue profondément : la Lotus Éclat Excel qui sera par la suite plus simplement badgée « Lotus Excel ».